03/07/2015

Publiable en diable

C'est l'histoire d'un Polaroïd qui a réussi.

François Cluzet est en couverture du Paris-Match de la semaine dernière.
À l'intérieur, une interview.
Sur une double page, il est assis dans le bureau qu'il partage habituellement avec sa femme Narjiss. L'article raconte que le couple aime travailler face à face.

Je regarde la photo, et reconnais instantanément le bas de deux tableaux qui me sont familiers.


Alors j'imagine une histoire:
Int. Jour - Fin d'Après-midi Bureau François et Narjiss Cluzet:
Assis à son bureau, François est plongé dans la lecture d'un scénario que Narjiss a lu avant lui et il souhaite parler avec elle du rôle qu'on lui propose.
Mais Narjiss n'est pas là, et une pointe de déception passe dans les yeux de François.
Un instant, il pose son regard sur les tableaux accrochés au mur devant lui.
Deux toiles le représentant assis dans un canapé, en pieds.
Il soupire et retourne à sa lecture.
Cut.
Fin de mon histoire.


Ces portraits sont réalisés par un autre François qui est directeur de la photo.
Il s'agit d'un travail graphique qu'il a fait à partir d'un polaroïd.
Ainsi en 2001, lorsque François Cluzet visite le Salon d'Art Contemporain de Montrouge, il découvre les deux tableaux exposés.
Immédiatement, il souhaite les acheter bien qu'il ne se reconnaisse pas au premier regard.
Peut-être est-ce justement pour cette raison qu'il est séduit.
Il est lui, et le temps d'un tournage cet autre, "vrai" ou "faux" jumeau, reflet multiple et coloré, onirique angélique ou diabolique.

C'est moi qui ai pris ce polaroïd de François Cluzet pendant l'été 91 sur le tournage d'"Olivier, Olivier" d'Agnieszka Holland.
Je revois François relever la tête de sa revue au moment où je prends cette photo.
Des années après je tends les toiles terminées sur deux châssis d'un mètre sur un mètre vingt.
Parce que quand je ne suis pas scripte, je suis bricoleuse émérite.

Je remercie mon mari François d'avoir si bien su interpréter cette photo.
Et François Cluzet, d'aimer encore poser son regard dessus.

Moi, je garde mon polaroïd précieusement.
Dans ma mémoire.
Intouchable.







1 commentaire:

  1. Belle histoire de réécriture ! D'habitude le Polaroid, procédé si créatif est réécrit par les artistes plasticiens et la c'est la peinture qui sert l'oeuvre !
    Bravo !
    Alain Giraud
    Http://giraudalainphotographies.wordpress.com

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