15/05/2015

That's why I just drive


American beauty de Sam Mendes. Kevin Spacey et Mena Suvari


C'est passionnant de collaborer à fabriquer des images!
Choisir de montrer d'une manière et pas d'une autre, coller à la peau d'un scénario, j'adore.
Je choisis les films que je vais voir au cinéma, et dans la vie quotidienne, j'aime comprendre les images que la publicité m'impose, surtout lorsqu'elle le fait sur un mode très cinématographique.

Regardons Kevin Spacey au volant d'une Renault Espace.



De quoi l'acteur nous parle t-il?

"En tant qu'acteur, j'ai passé beaucoup de temps à être quelqu'un d'autre"
"J'ai été un père en pleine crise de la quarantaine, rêvant d'une pluie de pétales de roses".
"Ou le membre inoffensif d'un gang... pas si inoffensif que ça finalement".
"Et qui sait, un jour peut-être... je serai président des Etats-Unis".
"Mais là, à cet instant, ce temps m'appartient... et je compte bien en profiter".

C'est un homme qui conduit, la publicité n'oublie jamais d'être sexiste. Ce qui est relativement nouveau, c'est qu'on propose des images que la majeure partie des spectateurs REGARDE SANS COMPRENDRE puisqu'il va de soi que les films évoqués ici, American Beauty et Usual suspects, ainsi que la série toujours en production House of cards n'ont pas été vus par tout le monde.
Le publicitaire choisit donc, en optant pour un tel scénario, de restreindre d'emblée le nombre de gens susceptibles de comprendre ce que le comédien raconte. Il est mis en scène distribuant à l'envi ses regards caméra dont il a le secret, pour parler de ses films au travers de quelques plans: la pluie de pétales de roses (American Beauty), le policier berné (Usual suspects), l'acteur lui-même dans le rôle de Francis Underwood (House of cards) qui s'échappe d'un cortège officiel...

Dans cette minute de pub, on est dans la communication qui cherche à manipuler l'esprit du plus grand nombre qui regarde et écoute, mais on ne manipule pas de la même manière qu'avant. 
Toi qui connais les films évoqués, tu peux plonger avec délice dans tes souvenirs cinématographiques. En V.O sous titrée en plus, rien que ça. 
Tu le sens ce sentiment, oh combien divin, qui te fait appartenir au cercle des "happy few" qui savent?
Et toi? La signification de certaines de ces images t'échappe?  
Ne t'occupe pas de ce que raconte Kevin. Ce qui compte, c'est qu'il est au volant d'une Renault Espace, et tu l'admires bien assez pour avoir envie d'acheter sa bagnole non?

Oui, formuler ainsi ça fait bizarre. Et pourtant c'est ça.
Toi dans la confidence, et toi dont on se fout que tu ne piges strictement rien.

Une ère nouvelle je vous dis. 
Indélicate, pour ne pas dire grossière.
Celle où même devant la pub on nous rappelle qu'on n'est pas tous égaux.

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